Une psychanalyse inclusive

La psychanalyse classique est née dans un cadre social où la différence entre masculin et féminin était pensée comme figée et hiérarchique.
Chez Jung, l’intuition fondatrice de l’Anima et de l’Animus a ouvert la voie à une lecture archétypale du psychisme.
Mais très vite, elle a été appliquée comme une répartition assignée :
- L’homme portait en lui l’Anima, sa “part féminine” à découvrir pour accéder aux émotions, à la douceur, la création, etc.
- La femme portait en elle l’Animus, sa “part masculine” à découvrir pour accéder à la logique, l’intelligence, la parole…
Ce modèle a créé un biais symbolique, les qualités humaines étaient filtrées à travers un prisme genré, corrélé aux sexes biologiques.
Résultat : chaque être devait “pêcher” ses qualités dans la polarité qui lui manquait, comme si elles ne pouvaient pas exister d’elles-mêmes.
Dans la psychanalyse empramique, ces deux pôles sont replacés dans une perspective plus vaste : celle de l’Animê, l’archétype originel de l’humain complet. Cet archétype aurait été scindé en deux (Anima et Animus) par la focalisation culturelle sur les différences visibles, créant une séparation artificielle.
Retrouver l’Animê, c’est réintégrer ces deux dynamiques comme un seul socle vivant, débarrassé des assignations patriarcales ou genrées, et revenir à une humanité où toutes les qualités sont intrinsèques.
Ainsi, l’Anima et l’Animus restent dans cette pratique comme deux dynamiques archétypales opposées et complémentaires, mais elles ne servent plus de filtres exclusifs. Les qualités humaines - intuition, création, émotions, force, structuration, puissance d’action, logique, capacité de lien - sont vues comme intrinsèquement disponibles.
La tension Anima/Animus n’est pas un tunnel obligatoire, c’est une mise en mouvement symbolique qui ouvre la circulation de ces qualités en chacun.e.
Autrement dit, l’humain ne devient pas créatif “parce qu’il mobilise son Anima” ni structuré “parce qu’il puise dans son Animus”. Iel l’est à travers ces dynamiques, parce qu’elles coexistent, se traversent et se répondent à l’intérieur d’un même plan.
Mon approche refuse que le plan psychique soit corrélé à un sexe figé ou à une lecture binaire. Elle restaure le fait que :
- Les polarités Anima/Animus sont présentes en tout être humain.
- Leurs qualités sont interchangeables, partagées, brassées, sans hiérarchie ni assignation parce qu’elles proviennent d’un même socle originel : l’Animê, archétype de l’humain avant sa scission symbolique.
- L’identité réelle de chacun.e est le fruit mouvant de ce dialogue, pas le produit figé d’un mythe de complémentarité genrée.
- Retrouver l’Animê, c’est intégrer ces deux dynamiques en un seul plan vivant, libéré des filtres genrés, et retrouver l’accès direct à l’ensemble des qualités en tant qu’être humain.
Le genre est une construction sociale et il n’a, de ce fait, pas sa place dans la psychanalyse.
L’inclusivité de la psychanalyse empramique tient à cette rupture :
- Elle ne supprime pas les contraires, mais elle refuse qu’ils soient canalisés de force à travers des qualités assignées à un genre ou un sexe biologique.
- Elle reconnaît que c’est leur tension vivante, la qualité de leur relation et leur fusion qui alimente l’individuation, et non leur enfermement dans une lecture d’opposition homme/femme.
Chaque humain porte en lui toutes les qualités nécessaires, et leur circulation libre est la condition même de la lucidité symbolique.
En somme : La psychanalyse empramique est inclusive parce qu’elle restitue à chacun.e :
- La possibilité d’être tout, sans se croire amputé ou réduit par une case.
- La légitimité de symboliser ses forces sans demander la permission à son sexe assigné de naissance.
- Et le droit de composer son empreinte unique, nourrie de complémentarités, d’opposés vivants, et jamais figée par une grille binaire.
Enfin, elle s’ouvre à toutes les cultures à l’aide de sa proposition de relecture des mythes. Car en invitant chacun à relire ses propres récits fondateurs, elle refuse l’imposition d’un regard occidental sur les mythes issus des différentes cultures. Ainsi la psychanalyse cesse de réduire l’inconscient collectif à une bibliothèque européenne : elle accueille et légitime toutes les histoires, dans toutes les langues symboliques.
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