Psychanalyse Empramique
L'Emprame et l’Empramation
L’Emprame c’est l’empreinte de l’âme dans la psyché. Comme une empreinte digitale, c’est une empreinte individuelle dans une structure de la psyché universelle.
L’Empramation, elle, désigne le passage d’un seuil intérieur où la psyché accède à une forme de lucidité malléable, mais non-hallucinée.
L’Empramation est une notion nouvelle que je propose. Elle ne désigne pas la totalité du processus d’individuation, mais une étape charnière, un seuil où tout bascule. On peut dire que l’Empramation est le moment où l’individu voit et comprend l’Emprame, l’empreinte de son âme. C’est le moment où il acquiert une vision claire de ses mécanismes psychiques. Ce n’est pas l’individuation au sens pléinier, mais la bascule vers une certaine autonomie symbolique.
L’Empramation c’est :
- Le moment où l’on comprend comment l’Anima et L’Animus interagissent entre eux.
- Le moment où l’on distingue la Persona de sa vérité intérieure.
- Le moment où l’on commence à dialoguer consciemment avec son Ombre.
- Le moment où l’on devient à la fois un analysant et un analyste chevronné de son propre processus psychique.
C’est le moment où on a l’impression de tourner en rond, on est bien avancé dans l’analyse, on repère nos projections, on sait exactement d’où elles sont issues, ce qu’elles viennent nous dire. On sait. On en parle, on revient la semaine d’après, on en reparle, les mois avancent, les années… Frustration grandissante, on peut finir par se décourager.
Et pourtant, c'est normal, l’individuation est un chemin propre à chacun et c’est aussi un processus très long.
C’est ici que les mots manquent à la psychanalyse, c’est ici qu’elle bute sur ses propres silences. Non pas parce qu’elle est obsolète, elle ne l’a jamais été, mais parce qu’elle s’enferme parfois dans la crainte d’être remplacée, dépassée, déformée.
Or, elle est nécessaire. Elle l’est en tant que cadre, en tant que méthode, en tant qu’éthique, mais elle ne peut continuer à s’imposer si elle refuse d’évoluer avec celles et ceux qui l’accompagne. Elle ne peut survivre sans donner un nom à cette étape psychique que traverse l’analysant.
Aujourd’hui, je propose un mot en son nom.
Non pour la trahir, mais pour l’honorer.
Un mot qui permet aux analysants de ne pas croire leur cas désespéré, un mot qui nomme l’avancée. Qui visibilise l’analyste nouveau qui se forme sous nos yeux.
Car une analyse, c’est aussi un isolement psychique. On commence à voir clair. Très clair. Mais hors du cadre analytique, on ne peut pas parler de tout ce que l’on voit. Et encore moins de ce qui se passe à l’intérieur du cadre.
La lucidité devient alors un désert mental si elle ne trouve pas d’écho.
Alors plutôt que de se heurter éternellement à l’incompréhension ou à la rigidité, il faut faire un premier pas : pas vers le reniement, mais vers le langage.
La psychanalyse doit pouvoir dire, reconnaître, nommer ce qui change.
Quand un analysant quitte la psychanalyse avec une telle lucidité, la vraie question n’est peut-être pas : ”Mais pourquoi rejette-t-il la psychanalyse alors qu’il a tant avancé ?” Mais bien : ”Pourquoi la psychanalyse refuse-t-elle de reconnaître que ce rejet peut être précisément le fruit du travail analytique ?”
Le processus d’Empramation
1. Le bébé analysant :
Quand quelqu’un arrive en analyse sans connaissances préalables, il est encore pleinement traversé par ses défenses, ses projections et ses refoulements. Il est dans un état pré-empramique : l’analyse ne l’a pas encore mit en mouvement interne. L’analysant est dans une sorte d’état d’inertie psychique ou état d’enfouissement.
2. La découverte de l’Emprame :
Petit à petit, le cadre analytique ouvre des brèches. L’analysant commence à ressentir des tensions, des intuitions, des prises de conscience non intégrées. Il commence à repérer ce que j’appelle l’Emprame, l’empreinte de son âme, marquée en grande partie par ses “emprunts” moraux ou sociaux. On observe ici un éveil du mouvement intérieur, une lucidité naissante. L’analysant n’est pas encore empramé, mais commence à comprendre son architecture inconsciente.
3. Le seuil d’Empramation :
C’est une étape charnière : lorsque la compréhension de l’Emprame n’est plus un simple éveil passager, mais un socle clair, structurant, interrogeable dans le transfert, incarné dans l’analyse. L’analysant peut se sentir bloqué, il comprend, il sait, mais ne se sent pas “individué”. Il peut lui arriver de ne pas se contrôler comme il le souhaiterait. Il constate, parfois un peu démuni, mais toujours avec une grande lucidité, certaines de ses décisions, réactions, ses actes, ses lapsus, ses résistances, ses projections… Il est très avancé dans son analyse, a atteint une forte autonomie symbolique. Il connaît le “pourquoi du comment”, ce qu’il rejoue, ce sur quoi il bloque, etc. Il est empramé.
4. L’individuation :
Une fois l’Emprame intériorisée, interrogée, traversée, elle devient la boussole du chemin d’individuation. Ce n’est plus juste une énergie ou un éveil, c’est une structure interne comprise, mais aussi vécue, qui permet une individuation progressive.
Qu’est ce que cela signifie dans le cadre analytique ?
Bien entendu, toute analyse peut s’interrompre à tout moment, en fonction du désir de l’analysant. Il n’y a pas de “moment parfait”, pas de sortie modélisée, et encore moins une obligation à continuer lorsqu’un seuil intérieur a été franchi.
La notion d’Empramation que je propose n’a pas pour vocation de décréter une fin du travail analytique, elle ne vient pas s’imposer au cadre. Au contraire, elle est là pour être nommée et coexister avec lui et s’y inscrire. Elle marque un seuil. Un basculement symbolique. Elle ne signe pas la fin du travail sur soi, mais elle marque le point de départ du processus de détachement du cadre analytique.
Car l’individuation, dans son essence même, ne s’arrête jamais. Elle est mouvement permanent, ajustement, traversée. Elle est le travail de toute une vie. L’Empramation en constitue une étape cruciale : celle où le sujet, dans sa propre lecture intérieure, atteint un état de lucidité symbolique suffisamment solide pour ne plus se laisser gouverner par ses désidentifications, ses projections, ses attentes sociales ou ses loyautés inconscientes.
Cela ne signifie en rien que l’analysant n’est plus sujet à ses névroses. Mais elles sont reconnues, nommées, tenues. Elles ne gouvernent plus entièrement la conduite.
Elles deviennent outils de conscience plutôt que matrices invisibles (et imprévisibles)
C’est donc cela l’Empramation : le moment de bascule, où le sujet devient sujet de son propre regard, capable de se lire sans se fuir, de se penser sans se perdre et de se positionner avec une justesse intérieure qui n’appelle plus nécessairement la médiation du cadre analytique.
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